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Writer's pictureAndrew Stewart Jamieson

Guillaume Rugher, Herald in Lille

Southern Low Countries in the 16th Century

By

Dominique Delgrange DCWS


 

 

Guillaume Rugher was settled in Lille, at that time a city of southern Flanders. Originally from the Province of Gelderland he acquired the citizenship of Lille in 1564.

In 1574, he became poursuivant of arms with the office name « Ostrevant » when he served Philippe, lord of Lallaing, baron of Escornaix, baron of Wavrin  (1537-1582), great Ballif of the Hainaut, new governor of Valenciennes. In january 1581 in the Sainte Waudru Church of Mons (Hainaut) Rugher organised the mourning ceremonies in memory of the late Queen of Spain, Ann of Austria died in october 1580. He officiates then as Lieutenant of the King of Arms Toison d’or (principal herald of the Habsburg Monarchs). Coming from Lille, he is assisted by two poursuivants of arms, Pierre Morel of Valenciennes and David Le Hoyaulx of Mons.

 

In Lille, Rugher is in contact with the officer of the Chamber of accounts, important fiscal and andministrative control institution settled by the Duke of Burgundy Philippe le Hardi and continued under Habsburg rule. He is in touch with some officers of the Chambre like Alexandre Leblancq or Antoine Artus. Rugher will  produce a number of books of arms, and search for old documents relating the story of the tournaments. Some of the papers disposed with the books of the Chambre des comptes are now kept in the Archives du Nord in Lille. He also organizes funeral and advises on the creation of decoration for the processions and ceremonies.

 

The manuscripts of Rugher are written with elegant writing, often in italic. The style of his drawings is very close to that of Jacques Leboucq of Valenciennes (d. 1574), in a way his predecessor as principal herald of the southern Low Countries. It is sometimes difficult to dinstinguish them. One might think that the two heralds of arms would have had the same artists workshop active in Valenciennes or Lille, using the same templates and inspired by the same models.

 

 

D. M. D.


 

 

 

Un héraut d’armes des Pays-Bas du sud au XVIe siècle

 Guillaume Rugher à Lille



On peut considérer, compte-tenu de la proximité de leurs réalisations et de leurs activités que Guillaume Rugher serait le successeur du fameux héraut Jacques Leboucq de Valenciennes[1]. Il a en effet laissé plusieurs armoriaux dont les dessins offrent une grande ressemblance avec ceux de Leboucq.

 

Guillaume Rugher, originaire de la Gueldre, devient bourgeois de Lille en Flandre  par achat le 15 septembre 1564[2]. Il demeurait près de la Grand Place, rue des Prêtres, derrière l’église Saint Etienne aujourd’hui disparue. Officier d’armes, il est connu d’abord sous le nom d’office « Ostrevant », au service de Philippe de Lalaing[3]. En 1582, il est qualifié de « héraut de Hainaut et de Lille[4] ». Les provinces méridionales des anciens Pays-Bas sont alors réconciliées avec le roi d’Espagne alors que la plus grande partie de la Flandre et du Brabant sont encore en dissidence. Rugher apparaît comme organisateur de cérémonies en Hainaut et en Flandre dans les années 1570-80[5]. D’ailleurs, c’est à Sainte Waudru de Mons, le 29 janvier 1581, qu’il représente le roi d’armes Toison d’or à l’occasion du cortège funèbre en mémoire de la reine d’Espagne, Anne d’Autriche décédée en octobre 1580. Venu de Lille, lieu de sa résidence, il reçoit 130 livres pour lui et deux autres hérauts venus l’assister : Pierre Morel, de Valenciennes et David le Hoyaulx, de Mons[6].  C’est sans doute pour cette manifestation qu’il prend pour la première fois   l’intitulé « lieutenant du roi d’armes Toison d’or[7] ».

 


Lille, Bibliothèque municipale, ms. 605.

 

Rugher composa plusieurs armoriaux pour Alexandre Leblancq, seigneur de Meurchin, de Houchin et de Bailleul-Sire-Berthoult, fonctionnaire de la Chambre des comptes du roi à Lille. Rugher est également connu pour un armorial des tournois incluant les rois de la fête de l’Epinette [8] et un autre, dit des « Damoiseaux de Lille[9]» (Fig. 8) portant les armoiries du commanditaire en première page (Fig.7) . L’inventaire de la riche bibliothèque  de Leblancq, dressé en 1569 a été étudié par Robert Aulotte [10]. Il y est fait mention d’un certain nombre de « trousseaux de cahiers généalogiques de sa main ». Guillaume Rugher qui fréquente le milieu des fonctionnaires de la Chambre des comptes a laissé des traités, des manuscrits illustrés, des recueils d’armoiries (Fig.6).




 Fig. 2. Armoiries de la ville de Valenciennes, par Guillaume Rugher. Sous l’écu, à droite, on remarque les initiales « G-R » [11]. Valenciennes, Bibliothèque municipale. Ms 1201. Provient de la vente Victor Bouton, Paris 1992, autrefois dans la collection Steenhuyse. Une autre marque apparaît au bas d’une mention portée dans un cartouche sur la dernière page d’un armorial daté de 1581 (collection privée, Belgique, fig . 4).



  Fig. 2. Signature de Guillaume Rugher

(Feuille insérée à la fin du ms. 203, Archives départementales du Nord)

 

Recherchant des anciens documents traitant des tournois, Guillaume Rugher a laissé à ce propos quelques notes manuscrites. Elles accompagnent les pièces relatives au combat judiciaire entre Pierre de Craon et le comte de Namur en 1376 ainsi que des crayons généalogiques (Archives départementales du Nord, B-1064, pièce 22098) ; un autre document relatif aux tournois (Valenciennes, Bruges, Lille...) porte la marque de Guillaume Rugher (AD Nord B-7662).


  Fig. 2 bis. Autre signature de Guillaume Rugher,

Besançon, bibliothèque, manuscrit Chifflet, 81.



 


Fig. 4. Cartouche, avec signature et marque manuscrite, ornant le frontispice d’un manuscrit de Guillaume Rugher, herault d’armes du pays et conté de Haynault et de la ville de Lille, lieu de ma résidence, tesmong mon seigne ce premier d’octobre l’an 1581 (Collection particulière, Me Dauwe, Belgique).


 Fig. 5. Cahier « Clairmez », très vraisemblablement de la main de Guillaume Rugher, inséré dans le manuscrit de Martin Doué (AD Nord ms 203).

 

Le ms. 203 des archives départementales du Nord, est un document qui a appartenu au peintre Martin Doué actif à Lille au début du XVIIe siècle. Il contient un petit cahier en papier (Fig. 5. ci-dessus) décrivant des relevés obituaires pour la famille Clairmez à Tournai. Il a vraisemblablement été rédigé et peint par Guillaume Rugher. Certaines figures, les lions et aigles, suivent le style bien particulier des manuscrits qu’on peut attribuer à Guillaume Rugher.

 

 

Les productions de Guillaume Rugher sont marquées par une écriture soignée, parfois en italique. Les lions sont dessinés avec une gueule largement ouverte, les aigles au vol éployé ont souvent le cou courbé. Ces figures peuvent être confondues avec celles attribuées à Jacques Leboucq. Dans  l’Armorial des tournois[12] et dans celui des fiéffés de Warneton[13] ; dans la généalogie de la famille de Lalaing, protecteur de Rugher [14], les armoiries adoptent la même disposition, sont ornées des mêmes détails que ceux attribués jusqu’ici à Leboucq[15] (Fig. 9). Les cartouches ornant les frontispices relèvent d’une inspiration très similaire (Fig. 4). On peut émettre l’hypothèse selon laquelle les deux hérauts d’armes auraient fait  travailler les mêmes ateliers d’artistes... à Valenciennes et à Lille.



Fig. 6. Armoiries d’Antoine Artus, auditeur de la Chambre des comptes de Lille

Quartiers Artus, écartelé de Pontrewart, avec Le Nepveu sur le tout,

Bibliothèque municipale de Cambrai, ms. 890.


 

 (Fig. 7) Deux frontispices aux armoiries d’Alexandre Leblancq, avec quatre quartiers. Leblancq, Rufffault, Loos, Carlin.

à gauche « Armorial des damoiseaux de Lille – Lille Université de Droit et Santé, à droite armorial général BnF fr 5232.


 Fig. 8. Deux pages de l’armorial des Damoiseaux de Lille

Université Droit et Santé de Lille, Réserve.


 

Fig. 9. Armoiries lallaing, avec quatre quartiers. Atelier de Jacques Leboucq ou Guillaume Rugher ?

KBR Bruxelles ms 19216.

 

 

 

Manuscrits de Guillaume Rugher

 

 

Bibliothèque Nationale de France, Paris 

- fr 5232, Armorial général illustré (un autre manuscrit sembleble, de la même main, à Courtrai).

- fr 25273, Rois de l’Epinette de Lille, cahier de l’armorial des tournois[16] (vendu par cahiers à Drout, Paris, février et juin 1992).

 

 

Bibliothèque communale de Courtrai – Kortrijk (Belgique)

- Codex Goethals-Vercruysse 350[17], ce recueil offrant une similitude presque parfaite avec le BnF fr 5232. 

 

 

Bibliothèques de Besançon

- ms Chifflet 81[18]

 

 

Bibliothèque municipale de Lille

- ms 605, Recoeul de l’estat des roys, heraulx, poursuivans et officiers d’armes au brief

- ms 627, Recueil de plusieurs obsèques...[19] 

- ms 735, Ecrit d’un vieux livre ... de Jean Razoir » (de Valenciennes), cahier contenant l’Armorial des fieffés de la châtellenie de Warneton[20].

- ms 825, Provincial à Guillaume Rugher.

 

 

Archives du Nord, Lille

- B-1064, Pièces concernant les joutes de l’Epinette de Lille compliées au XVIe siècle

- B-7662, Pièces relatives aux officiers d’armes lillois, aux cérémonies de Lille, Valenciennes, Bruges etc. Le dossier contient également la copie du texte de la controverse des frères prêcheurs et mendiants à propos de la continuation des fêtes de l’Epinette de Lille[21] (années 1470 ?).

- ms. 203  Manuscrit de Martin Doué[22], un cahier « Clermez » et un document signé de la main de Rugher y sont insérés.

 

 

Réserve de l’Université de Droit et Santé, Lille. « Damoiseaux de Lille », cahier de l’armorial des tournois (vendu par cahiers à Drout, Paris, février et juin 1992).

 

 

Bibliothèque de Valenciennes, ms. 1201 : autre cahier de l’armorial des tournois (vendu par cahiers à Drout, Paris, février et juin 1992).

 

 

Bibliothèque de Cambrai, ms. 890. Cahier avec quartiers armoriés d’Antoine Artus (Fig. 6)

 

 

Collection privée en Belgique. Généalogie de Lallaing.

 

 

Besançon, Ms Chifflet, ms 81, contenant la mention d’un : Bref récit des cérémonies observées à la création de moy, Guillaume Rugher, natif de la ville de Calcar en la duché de Clèves, à l’eztat de héraut d’armes du pays et comté de Hainaut demeurant en la ville de Lille en Flandres, le 17 mars 1576[23].

 

 

 


[1]. A tel point qu’il est parfois de distinguer les productions de Leboucq (+ 1574) et de G. Rugher. Nous avons évoqué cette question, à plusieurs occasions, avec Emmanuel de Boos, Pierre Couhault et François Boniface, mmembres de la Société française d’héraldique et de sigillographie et nous reprenons dans le présent article quelques-unes des remarques que nous avions faites.

[2].  Fils de feu Henri Reugher, originaire de Calcar en Clèves (aujourd’hui Kalkar, Gueldre), AML, registres de la bourgeoisie de Lille, f°59, édition Paul Povoas.

[3] Philippe de Lalaing (1537-1582), comte de Lallaing, baron d’Escornaix et de Wavrin, grand bailli de Hainaut et gouverneur de Valenciennes en 1574.

[4]. Voir la mention dans le ms  Bibliothèque de Lille et Amédée de Ternas, « Généalogie de la famille de Gosson », Souvenirs de la Flandre wallonne, 1875, tome 15, p. 26.

[5]. Le manuscrit 627 conservé à la Bibliothèque municipale de Lille contient la liste des cérémonies qu’il à organisées ou suivies.

[6].  AD Nord, B-2672, f°169.

[7].  Bibl. Besançon, manuscrit Chifflet 81.

[8]. Acquis lors de la « Vente Bouton » en 1992, aujourd’hui à la BnF, ms. n. a. fr. 25723. Cf. François Boniface : « Les armoriaux de la Bibliothèque de Victor Bouton peints au XVIe siècle par Guillaume Rugher, héraut d’armes du comté de Hainaut », dans la : Revue française d’Héraldique et de Sigillographie, tome 69- 70 (1999- 2000), page 101.

[9]. Aujourd’hui dans la réserve de l’Université de Lille, Droit et Santé, rue Paul Duez.

[10]. Robert Aulotte : « Alexandre Leblancq et sa collection de manuscrits au XVIe siècle », dans la : Revue du Nord, n°198 (juill. – sept ; 1968), p. 301.

[11]. François Boniface, « Les armoriaux de la bibliothèque de Victor Bouton peints au XVIe siècle par Guillaume Rugher », Revue française d’héraldique et de sigillographie, t. 69-70, 1999-2000, pp. 101-116. La marque au « GR », rend certaine l’attribution à Guillaume Rugher. Le même modèle ou poncif est utilisé pour réaliser des planches d’armoiries des fr 5233, fr 5470, fr 10469, KBR 19216 et des cahiers de la Vente Bouton. Un armorial gantois exécuté pendant la période des Troubles (v. 1577) est signalé par Steven Thiry, « Heraldic revenge and reward in the Dutch Revolt. The effects of a campaign against coats of arms (1569-1571) » – paper presented at the 35th International Congress of Genealogical & Heraldic Sciences, Cambridge. 15-19 Août 2022. 

 

[12]. Plusieurs cahiers dispersés en 1992 à Drout-Paris, Cf. notes n°11 et 17.

[13]. François Boniface, « Armorial des fieffés de la châtellenie de Warneton », dans : Mémoires de la Société d’histoire de Comines-Warneton (B), t. 26 (1996), d’après le manuscrit 735 de la Bibliothèque municipale de Lille.

[14]. Belgique - collection privée, à comparer avec le ms 19216 de la KBR à Bruxelles.

[15].  Notre collègue Emmanuel de Boos (+ 2016) admettait  qu’il était difficile de faire la différence entre les armoriaux attribués à  « Leboucq » et ceux de « Rugher » (conversations avec l’auteur).

[16]. Au XVIIIe siècle, dans la collection Steenhuyse, à Gand. Le catalogue de la vente du 29 février 1992 à l’hôtel Drout, Paris, numéro 198, bibliothèque de Victor Bouton, décrit sommairement le document : « Tournois de l’Epinette, noms, prénoms et armes des nobles rois de l’Epinette depuis 1283 jusqu’à 1489 (sic), un fac-simile fut exécuté par Victor Bouton en 1870-71 » [16]. Dimensions : 290 x 190 mm. Filigrane, lettre « P » gothique.

[17] . Publié pour la partie « Flandre », Wapenboek van Vlaanderen, par E. Warlop, Familia et Patria.

[18].  ...S'ensuit l'ordre qui fut tenu aux obsèques funèbres de feu haut et puissant Sgr Messire Jean de Croÿ comte de Roeulx et gouverneur de Flandre colonel de cavallerie et infanterie en plusieurs lieux pour le roy et du conseil d'Éstat de ladite Majesté faices et célébrées à Mons en Hainaut en l'église collégiale de Madame Ste Waudrud le 18 et 19 jour de jullet l'an 1581 recueillés par moy Guill' Rugher héraut dudit pays et de la Ville de Lille lieu de ma résidence…

[19] Cf. Emile Gachard, Commission royale d’histoire, Bruxelles, 1845, p. 99 à 105.

[20]. Mémoires de la Société d'Histoire de Comines-Warneton, tome 26. 1996.

[21]. L. Détrez, La fin des tournois à Lille (1470), Lille, 1935.

[22] A propos de Doué, peintre et poursuivant d’armes, voir : Dominique  Delgrange, « Martin Doué (Lille, 1572-1638), un peintre en armoiries et poursuivant d’armes en Flandre» », Revue française d’héraldique et de sigillographie, version « en ligne » , 2018 : http://sfhs-rfhs.fr/wp-content/PDF/articles/RFHS_W_2018_001.pdf

[23]. Besançon, f° 159, f° 162, Requeste du mesme Guillaume Rugher … pour maintenir l’autorité du Roy et le droit des nobles concernant l’estat et charge du héraut d’armes






Dominique Delgrange DCWS


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